lundi 25 janvier 2010

Mathieu

Histoires d'un casse-noix. 2. Deux mille Dis, l'année de l'honnêteté


- Deux mille dis ! Deux deux mille dis ! Putain dis c’est trop fort dis ! On est en deux mille dis chtedis ! Mais ouais dis ! Deux mille neuf c’était pourri ! Mais deux mille dis chtedis c’est la folie !

- Ooh mon grand. Boucle la tu veux !

- Quoi ? Queskiiiiiiiiiiiya ?

- T’emmerdes tout ton monde avec tes 2010.

- Mais putain dis, mais t’as pas compris. C’est Deux Mille DIS !

- Mais j’ai très bien compris qu’on était en Deux Mille Dix mais c’est pas pour ça que je casse les couilles de tout le monde avec ça ! T’es con ou quoi ? C’est juste une nouvelle année. Ca sera ptêtre encore pire que la précédente.

- Mais… mais non. Comment tu peux dire ça !?? Ca va être la folie chtedis. C’est l’année de l’honnêteté ! Fini les non-dits…

- Oh t’es pas tout net mon coco, qu’est ce que t’as pris au Nouvel An ?? Barbituriques ? Champignons ? LSD ? T’es resté coincé dedans mon ptit père.

- Peut-être de la kétamine mon Cardinal mais je m’en souviens plus j’étais bourré comme une moule de Zeelande.

- Oh l’imbécile. J’ai affaire à un champion si je comprends bien. Soit. Et qu’est ce que tu fous dans ce claque ? On peut savoir ?

- Ben je viens pour le spectacle de danse du ventre. C’est trop bien la danse du ventre chtedis. C’est la danse du futur. C’est la danse de deux mille dis.

- Le hic mon ptit père c’est que les demoiselles elles dansent pas trop, elles sont plutôt là pour exhiber leur nénés, leurs culs et tout le reste à des cochons comme toi et moi.

- Holà mon Cardinal, qu’est ce que tu racontes ? Elles vont danser toute la nuit ces belles créatures envoûtantes…

- Hé le poète, crois moi, elles vont venir balancer leurs obus sous ta truffe et montrer leurs grasses gambettes et puis c’est tout. Et tu seras prié de payer l’adition.

- J’te crois pas vieux chnoque, le « belly-dancing » c’est raffiné, c’est un art traditionnel du Moyen-Orient.

- Poète et historien de l’art, tu m’impressionnes. Et ceci dit, j’te prie de ne plus m’appeler vieux chnoque. Ma bouteille de scotch pourrait bien terminer sur le coin de ta tronche.

- Ouais en parlant de scotch, tu m’en mettrais un verre de ce bon scotch que tu serais un vrai prince.

- T’es fortiche ma parole, paye nous un peu deux bières pour commencer puis on verra ce qu’on peut faire pour ce scotch.

- Et pourquoi je t’en mettrais une pour commencer, sers moi un ptit scotch, fais pas le sémite !

- Ecoute je suis un habitué ici, tu dois au moins consommer une bière si tu veux pas que les deux singes de l’entrée te fassent voler dehors à grands coups de savates dans le cul.

- Ok ok mon Cardinal, t’as gagné. Deux stellas, c’est parti. Mais tu vas pas me la faire à l’envers chtedis. Tu vas me laisser suçoter d’ce bourbon.

- Parle un peu correctement tu veux. T’en auras du scotch… Regarde, y a une « danseuse » qui arrive. Tu vas voir, elle va vulgairement tortiller du cul devant tous les clients, et les plus riches, les mafieux vont lui balancer des liasses de 5 pounds dans le soutif et dans le tanga.

- Merde ! T’es sérieux, c’est dégueulasse. C’est de l’arnaque cette connerie chtedis. J’ai pas envie de voir des catins danser comme dans un peep show.

- Relax coco, ces endroits sont authentiques. Le « belly-dancing » ça c’est un truc de touriste. Les egyptos sont des vicieux comme toi et moi. Crois en un vétéran dans mon genre, tu verras pas d’autres étrangers ici. D’ailleurs, comment ton derche a atterri dans ce cabaret ?

- Ben par hasard, je cherchais un bar dans le coin pour boire un coup et voir de la danse du ventre…

- Nos bières sont là. Bois un coup mon grand… Bon tu fais quoi au Caire exactement ?

- Ooh non mon Cardinal, tu vas pas me faire raconter ma vie. Je fais rien de bon de toute façon. Donc cherche pas à comprendre chtedis. Et toi, tu fais quoi ? Rabin ? Imam ? Ou t’es vraiment Cardinal ?

- Très drôle l’asticot ! J’ai un magasin de souvenir pour touriste… Oh et puis merde, je vais pas jacter sur mon compte si tu veux même pas me dire ce qu’tu fous. En même temps, c’est vrai que je t’imagine bien à rien faire de bon…

- Un magasin de souvenir au Caire ?!! Tu brasses un maximum de cash j’imagine.

- On fait aller...

- Hé l’ancien, c’est vrai que c’est pas si mal cet endroit. Les filles sont plutôt grassouillettes mais je les trouve bien balancées. On peut les faire venir danser par ici ?

- T’as des liasses de billets ?

- Non.

- Alors non.

- Holly shit ! C’est con.

- Alors, tu vois. C’est sympa.

- Ouais. Un peu glauque mais c’est vrai que ça me paraît plutôt authentique. Mais putain, ces gus qui balancent du fric sur les danseuses sont hallucinants chtedis. Ils sortent d’où ?

- T’occupes.

- Y a pas moyen d’aller leur causer ?

- Je me méfie de ces métèques comme de la grippe H1N1. En général, j’attends qu’il y en ait un bien imbibé qui vienne me payer un coup parce que ça l’amuse d’en mettre un à un étranger. Mais c’est comme la loterie, on gagne pas à tous les coups.

- T’es un sacré vieux briscard toi, hein ? Tu commences à me plaire mon Cardinal.

- Ca me touche presque… Fiston.

- Papa ?

- Oui c’est moi. Ton père. Ca fait 26 chiennes d’années que je te cherche.

- Allé, Boucle la ! Ma bière est finie. Tombe le scotch…